Sur les anciennes pistes militaires en 1969-72 : les vallons de la Stura di Demonte (Alpe-Marittimi) (1ère partie)
near Grangie, Piemonte (Italia)
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Itinerary description
La Valle Stura di Demonte a toujours été fascinante pour les passionnés d’ouvrages et de chemins militaires. Sa particularité est de recevoir en rive droite (côté sud donc) la totalité des torrents descendant de la crête frontière franco-italienne entre le Col de Larche (Colle della Maddalena) et le Col de Tende. Ces torrents parcourent une multitude de vallons plus ou moins parallèles, chacun constituant un petit univers de haute montagne séparé de ses voisins par de hautes crêtes. Dans la majorité de ces vallons, on trouve d’anciennes pistes carrossables tracées par l’armée italienne qui se poursuivent par des chemins muletiers, voire de simples sentiers, atteignant des casernes de haute altitude et des cols frontaliers constituant des points stratégiques à surveiller. La grande majorité des édifices et pistes militaires font partie du Vallo Alpino (Mur des Alpes) dont Mussolini avait décidé la construction à partir de 1931 afin de protéger les frontières italiennes.
Pour ce qui est des pistes, entre 1930 et 1936, leur construction par le génie militaire italien était très réglementé. On retrouve dans cette région de la Valle Stura des routes de tipo B appelées « camionabili » (3,50 mètres de large et 10% de pente maximale), de type C appelées « carrareccie » (3 mètres de large et 12% de pente maximale), de type D appelées « grandi mulattiere » (2,20 mètres de large et 17% de pente maximale) et de type E appelées « mulattiere » (1,50 mètre de large et 25% de pente maximale). Sans parler des simples « sentieri », bien sûr. Les pistes militaires de type B et C se parcourent normalement sans problème en 4x4 sauf éboulement bien sûr. Celles de type D peuvent être parcourues si elles ont conservé leur largeur d’origine car là, le moindre petit effondrement fait que la largeur ne sera plus suffisante pour passer.
Contrairement à nos explorations de la région Susa / Bardonecchia, nous n’étions que deux, mon pote Christian et moi, avec toujours nos « deux roues motrices » rehaussées, l’Opel Kadett de Christian et ma Fiat 124 Spécial, pour affronter les anciennes pistes militaires de la vallée de la Stura di Demonte entre 1969 et 1972. Pour ceux qui seraient surpris de ce qu’on a pu faire avec nos deux autos martyrs (!!!), il faut se souvenir qu’on avait quand même autour de 21 cm de garde au sol et des rechapés italiens très crantés qui offraient un excellent grip sur les terrains difficiles. Et contrairement aux terrains boueux ou neigeux qu’on ne rencontre pas dans cette région en été, le fait de n’avoir que 2 roues motrices n’est pas un obstacle insurmontable.
Comme Christian devait fournir à un éditeur de cartes et de guides piémontais des renseignements précis sur l’état de ces vieilles pistes militaires (ce sont les notes que j’ai retrouvées récemment qui m’ont permis de retracer ce parcours), nous avions décidé d’être très méthodiques en partant du Col de Larche , là où la Stura prend sa source près du Lago della Maddalena. L’idée était de descendre la vallée de la Stura et de remonter, au fur et à mesure de leur rencontre, les vallons affluents parallèles, situés en rive droite, qui descendent de la crête frontière, la rive gauche étant pour la fin. Nous étions munis d’une autorisation de passage en cas d’interdiction mais je ne me souviens même pas en avoir rencontré ! On n’était pas en 2020 !!!
Du Col de Larche, on descend donc sur Argentera puis Bersezio (1634 m.) pour s’attaquer au Vallone di Ferrere. On prend une petite route en terre qui monte au pittoresque hameau de haute montagne de Ferrere (1887 m.). Peu avant Ferrere, on prend sur la droite la vieille piste militaire de Colombart. On passe au Colle di Ferrere (2044 m.) et on s’élève sur une pente couverte de prairie exposée plein sud jusqu’au Gias Colombart Soprano (2252 m.). La piste est pierreuse mais heureusement peu pentue, ce qui nous permet de monter sans gros problème en allant très lentement. Après les cabanes de berger du Gias, dans une zone d’immenses pâturages d’été où les vaches sont nombreuses à la belle saison, on poursuit la piste plus cassante dans le haut, qui s’élève dans une combe toujours verdoyante, jusqu’à la Bassa di Colombart (2457 m.). C’est là que la piste se termine et qu’on laisse nos véhicules, mais on n’est pas encore sur la crête frontière. Pour l'atteindre, il faut seulement un quart d’heure de marche sur un sentier pratiquement de niveau qui traverse une pente escarpée exposée plein nord pour atteindre le Colle di Puriac (Col de Pouriac) (2506 m.) d’où un bon sentier permet de descendre sur le hameau du Pra dans la Haute-Tinée. Ce qui nous étonnera, c’est de ne voir en tout et pour tout que les restes d’une caserne ruinée à proximité du Col de Pouriac. En tout cas, les paysages sont superbes avec une vue spectaculaire sur la Tête de l’Enchestraye (2954 m.), juste en face de la Bassa di Colombart.
Pour info, ce qui a changé en 2020, c’est que la petite route montant de Bersezio à Ferrere est maintenant revêtue. La piste de Colombart est interdite à la cote 1990 m. juste après la bifurcation avec la route menant au cœur du hameau de Ferrere. Cette piste est toujours utilisée l’été par les bergers qui sont installés au Gias Colombart et, comme elle a été tracée sur des pentes très stables et peu escarpées, elle demeurerait toujours praticable jusqu’à la Bassa di Colombart avec un sol raviné dans la toute dernière partie.
Redescendus à Bersezio, des habitants du village nous apprennent qu’on pourrait essayer de monter à la caserne de l’Altopiano dell’Andelplan. Voilà une piste qui n’apparaissait que comme un simple sentier sur nos cartes ! Donc, en route vers l’Andelplan ! La piste de l’armée se détache dans la 3ème épingle de la montée vers le hameau de Ferrere et s’élève sur un versant boisé se dégageant dans sa partie haute jusqu’au Colletto Incianao (2294 m.). La piste est beaucoup plus pentue que celle de la Bassa di Colombart et le sol plus raviné. La montée est difficile et lente, très lente ! On se retrouve souvent en sérieuse difficulté ! Après le Colletto Incianao, on continue la piste dans les alpages peu pentus de l’Altopiano pour atteindre péniblement la caserne ruinée cotée 2486 mètres au pied de la Cima delle Lose (2812 m.). Sans les renseignements obtenus à Bersezio, on ne serait jamais monté jusque là ! A noter qu’en 1969/70, la station de ski d’Argentera n’existait pas encore. Elle n’apparaîtra qu’à la fin des années 70, ce qui fait que l’Altopiano était encore « sauvage », sans le tracé destructeur des pistes de ski et les remontées mécaniques comme le télésiège qui permet d’arriver au Colletto Incianao et le téleski qui monte à 2518 mètres, juste au-dessus de la caserne ruinée. Pour info, la station a définitivement fermé en 2019.
En 2020, la piste est interdite dès le départ. Elle est restée longtemps carrossable car elle servait à l’entretien de la station de ski. Maintenant que la station est fermée, il y a fort à parier qu’elle risque de se détériorer rapidement. Déjà, la partie finale entre le Colletto Incianao et la caserne était, il y a quelques années, en très mauvais état et très difficile à parcourir.
On descend ensuite la vallée de la Stura pour arriver au village de Pontebernardo (1280 m.) après être passés sous l’impressionnante falaise de 700 mètres de hauteur appelée « Le Barricate ». On est au débouché du Vallone di Pontebernardo qui devient notre nouvel objectif d’exploration. Une bonne piste remonte le fond de ce vallon et après 2 km, nous prenons à droite une autre piste qui s’élève vers le hameau de Murenz et qui, sur notre carte, grimperait jusqu’au Colle Becco Rosso et ses casernes ruinées. En fait, nous ne dépasserons pas les 1780 mètres d’altitude, la piste devenant beaucoup trop étroite et ruinée. Echec ! Nous redescendons au fond du Vallone di Pontebernardo pour le remonter jusqu’au lieu-dit Grange dei Prati del Vallone (1720 m.) où se trouvent le Rifugio Talarico et les anciens bâtiments militaires utilisés à l’époque comme colonie de vacances et abritant aujourd’hui le Rifugio Prati del Vallone.
Des granges, on suit une piste étroite qui continue de remonter le fond du vallon en décrivant quelques lacets jusqu’à une bifurcation dans une épingle (1896 m.). Si on va tout droit, la piste devient tout de suite un bon sentier qui continue de remonter le Vallone Superiore di Pontebernardo. On prend donc à droite la piste carrossable qui grimpe vers le Colle di Stau et sa caserne. C’est vraiment très étroit ! On perd pas mal de temps à franchir une ravine creusée par un torrent. Il faut déplacer plusieurs blocs pour boucher des trous ! La ravine franchie, se présente une série d’épingles auxquelles le génie militaire a donné une forme bien arrondie. Heureusement, vu l’étroitesse de la piste ! D’après la classification, on serait dans le type D des « grandi mulattiere » mais les 2,20 mètres de largeur se sont bien réduits avec les années et là, on est plutôt dans du 1,80 m. ! Deux nouvelles ravines à franchir se présentent. Un peu moins de boulot que pour la première mais toujours des blocs à déplacer ! C’est le bagne de Cayenne cette montée ! Je commence à fatiguer sérieusement et on admet qu'à la prochaine, on laisse tomber. Nouvelle série d’épingles où on se dit que les véhicules commencent à être plus larges que la piste et on atteint le Gias di Stau, une cabane de berger située à 2068 m. d’altitude. Et là, stop ! La piste a tellement perdu de largeur qu’elle devient un véritable sentier. En fait, pour l’avoir parcourue plus tard à pied jusqu’au Colle di Stau (2498 m.), lors de nos recherches des anciennes casernes de haute altitude, la suite de la piste serait à classer dans les « mulattiere » de type E. Aux endroits où elle a gardé sa vraie largeur, il y a bien les 1,50 m. prévus. Insuffisant de toute façon pour qu’on ait pu passer ! Mais le tracé est magnifique et de l’endroit où on a dû s’arrêter avec nos autos, on a compté plus d’une cinquantaine d’épingles jusqu’au col ! Et on s’en était déjà payé une vingtaine pour arriver au Gias di Stau !
En 2020, la piste est interdite à partir du Rifugio Talarico desservi par une petite route revêtue. Si ce n’était pas le cas, on pourrait peut-être toujours monter en 4x4 jusqu’au Gias di Stau, mais pas plus haut bien sûr.
On redescend donc dans la Valle Stura à Pontebernardo pour atteindre un peu plus bas dans la vallée le village de Pietraporzio (1225 m.) où du boulot nous attend !
De Pietraporzio (1225 m.), on engage nos deux vaillantes autos dans une nouvelle aventure avec la remontée du Vallone del Rio del Piz, tout à fait parallèle au Vallone di Pontebernardo que nous avions parcouru juste avant. D’après nos cartes, il y a une route militaire qui se termine à la caserne du Passo Sottano delle Scolettas (2223 m.). Après l’échec du Vallone di Pontebernardo où on est resté planté bien loin du bout des ex-pistes militaires carrossables, on espère mieux de ce nouveau vallon et ……….., ça va être le cas !
Après avoir traversé la Stura, la petite route se transforme rapidement en une piste relativement roulante qui atteint le « Piano della Regina » (1469 m.). Plus haut, un ressaut du vallon est franchi grâce à de grands lacets. Dans ce secteur, deux bunkers, un de chaque côté de la piste, assurent la surveillance du passage. Un peu plus loin, la piste passe au-dessus d’un petit lac, le Lago Lausarel (1917 m.). A ce niveau, le couvert forestier, peu important dans ce vallon, a déjà disparu depuis un bon moment, ce qui n’empêche pas de passer à 1980 mètres d’altitude, sous un arbre remarquable bien connu des randonneurs aujourd’hui, le « Merze Gros », un énorme mélèze isolé qui daterait de plus de 600 ans d’après les botanistes et mesure dans les 23 mètres de hauteur pour près de 7 mètres de circonférence du tronc ! La remontée du vallon se poursuit et la piste atteint les pâturages du Gias del Piz autour d’une cabane de berger (2050 m.). C’est à ce niveau que se détachent de la piste militaire le sentier qui s’élève vers le Rifugio Zanotti (2144 m.) et celui qui remonte le Vallone Superiore del Piz. Ça, ce sera pour un autre jour dans le cadre de nos explorations à pied !
La route militaire se rétrécit un peu et prend de l’altitude en quittant le fond du vallon pour se diriger vers le col. On s’attend à rester planté à un endroit ou à un autre mais on a une bonne surprise ! La piste semble avoir été l’objet d’un « nettoyage » récent. On voit du côté montagne un tas continu de pierres plus ou moins grosses qui ont été récemment poussées. C’est sûr que ça réduit encore la largeur du chemin mais comme, contrairement aux pistes du Vallone di Pontebernardo qui étaient de type E avec 1,50 m. de large, on a affaire ici à une véritable piste carrossable avec plus de 2 m. de largeur même si, à vue d’œil, en certains endroits, il ne reste guère plus de 1,80 m. ! Et très lentement, on parvient à la série des 6 lacets qui sont sous le col. Ces lacets sont superbes avec un arrondi parfait reposant sur des murs de pierre qui ont parfaitement tenu le coup ! On perd du temps à enlever à plusieurs reprises quelques pierres un peu trop grosses et sur quelques mètres, il faut même jouer de la pelle pour élargir un peu le passage ! Un peu plus haut, une surprise nous attend ! Un petit tunnel courbe à 180° correspondant à un lacet de la route creusé dans une partie rocheuse ! Ça refroidit ! On part à pied en éclaireur pour voir si le court tunnel n’est pas obstrué par des pierres et, au cas où ça passerait, pour vérifier si la piste continue d’être carrossable jusqu’au lacet suivant car, si ce n’était pas le cas, on risquerait de devoir se refaire le tunnel courbe en marche arrière ! Très mauvais plan ! Finalement, le tunnel est praticable, la largeur y est sans problème, et la suite passe. Donc, on se lance pour s’arrêter définitivement juste sous la caserne du col. Les derniers mètres n’ont pas été « nettoyés » et ça serait un trop gros boulot de vouloir arranger le passage. Pas grave ! On n’est qu’à 50 mètres du bout de la piste et on ne risque pas de se plaindre !!!
La « Caserma di Scolettas » construite au Passo Sottano delle Scolettas (2223 m.) contrôlait le passage entre les vallons de Pontebernardo et du Rio del Piz. Elle n’est pas aussi importante que celle du Colle di Stau par exemple et mérite plutôt la dénomination de « ricovero ». A hauteur de l’avant-dernier lacet de la montée, on peut voir un bâtiment plus petit qui servait de réserve de munitions entre autres. A noter que sur l’autre versant du col, on ne trouve pas de route militaire comme celle qu’on a empruntée pour monter mais seulement un bon sentier qui descend sur le Rifugio Talarico.
Nous décidons de revenir à un autre moment pour une expédition à pied vers les bâtiments militaires du haut vallon du Rio del Piz que nous avons sur notre carte mais pour ce qui est des pistes carrossables, nous en avons fini avec ce secteur et redescendons à Pietraporzio, le moral au beau fixe !
A noter qu’en 2020, la piste du vallon du Rio del Piz est interdite sauf aux ayants droit dès le Piano della Regina. La piste est toujours parfaitement carrossable jusqu’au Gias del Piz juste sous le Rifugio Zanotti. La montée finale au Passo Sottano delle Scolettas n’est plus carrossable car les bords de la piste sont encombrés de pierres et ça manquerait de largeur pour un 4x4. Ceci étant, l’ensemble est très bien conservé et, avec l’intervention de moyens mécaniques modernes, il serait tout à fait possible de rouvrir cette piste jusqu’au col.
En continuant de descendre la Valle Stura, nous arrivons à Pianche (966 m.), un hameau de montagne appartenant à la commune de Vinadio, situé au débouché du Vallone di San Bernolfo parcouru par le Torrente Corborant. Là, il va nous falloir du temps car sur nos cartes, ce vallon est formé en amont de 3 branches principales qui descendent toutes de la crête frontière et chacun de ces 3 vallons possède d’anciennes pistes et des édifices militaires divers !
On remonte donc ce Vallone di San Bernolfo jusqu’à Bagni di Vinadio (1292 m.) où le Vallone dell’Ischiator rejoint celui du Corborant. On débutera donc par ce Vallon du Rio Ischiator car il est le plus proche du Vallone del Piz qu’on avait parcouru juste avant. On passe au hameau de Besmorello (1440 m.) où la petite route se transforme en une piste qui franchit le rio Ischiator au Ponte del Medico (1561 m.). Ce vallon étant assez raide, la piste doit grimper en lacets en rive gauche. Elle ne nous pose pas de problème car elle semble clairement entretenue. La piste débouche sur le replat herbeux de Gias Ischiator (1934 m.) en traversant le torrent. Plus loin, on rencontre notre premier problème de la journée. Il faut franchir une nouvelle fois le rio Ischiator par un gué pas très sympa d’allure, voisin d’un petit pont qui a eu apparemment un sérieux problème ! On reprend notre matériel de cantonnier et on passe un bon moment à donner meilleure allure à ce gué ! Quelques centaines de mètres et il faut de nouveau franchir le rio mais sans avoir besoin de travailler cette fois ! La piste se termine à l’imposant Rifugio Migliorero (2094 m.) à deux pas du Lago Inferiore dell’Ischiator (2069 m.) divisé en deux parties. Superbe ! Le refuge sur son mamelon, les lacs, les alpages humides ! Un sacré paysage !
On apprend au refuge qu’avant la Seconde Guerre Mondiale, le bâtiment existait déjà et correspondait en fait à une grande auberge de montagne ! Pour les vieux bâtiments militaires d’altitude et les hauts sommets de la crête frontière, on recueille de précieuses infos qui nous serviront quelques jours plus tard pour notre rando découverte de ce haut vallon.
En 2020, cette piste est interdite par une véritable barrière placée après le deuxième lacet suivant le Ponte del Medico, à une altitude de 1625 mètres. Avec autorisation, la piste demeure toujours carrossable jusqu’au bout.
On redescend à Bagni di Vinadio pour prendre à droite la branche principale parmi les 3 de cet ensemble de hauts vallons. C’est le Vallone San Bernolfo parcouru par le Torrente Corborant. Une petite route remonte le vallon peu pentu au début, en rive gauche. Arrivée à hauteur du hameau de Callieri, le vallon devient plus pentu et la route décrit une dizaine de lacets pour parvenir au hameau de San Bernolfo (1663 m.) faisant partie de la commune de Vinadio. On continue de suivre l’ancienne piste militaire qui remonte toujours le vallon du Corborant en rive gauche. La piste devient nettement plus pentue mais on arrive à la parcourir jusqu’à une série de lacets en fond de vallon où, à un moment donné, on ne peut plus avancer, de nombreux blocs se trouvant sur la route. Trop nombreux pour envisager de repartir dans des travaux de terrassement. On est à 2023 mètres d’altitude. On prévoit de revenir là encore à un autre moment pour poursuivre à pied ce qui semble être une très belle piste militaire dont on remarque les lacets bien arrondis cernés de beaux murs de pierre. Il faudra d’abord déterminer où sont les édifices militaires à atteindre.
En 2020, la situation est inchangée et cette piste est dans un état qui permet d’atteindre exactement l’endroit où nous avons fait demi-tour mais pas plus car ensuite, elle prend très vite la largeur d’un simple grand sentier à cause de l’usure du temps. Il y a quelques années, elle n’était toujours pas interdite ! Un miracle !
On redescend rapidement au hameau de San Bernolfo et on va pouvoir s’attaquer à la 3ème branche de cet ensemble de hauts vallons, le Vallone di Collalunga. Et, on ne le savait pas encore, mais là, on allait décrocher le jackpot !!!
La piste remontant ce Vallone di Collalunga se détache 300 mètres sous San Bernolfo. Elle franchit le Torrente Corborant par un pont (1650 m.) pour remonter, dans sa première partie, une pente exposée plein nord et recouverte de forêt. Le contraste est net avec les pistes précédentes très souvent en terrain découvert. Après quelques lacets, les arbres commencent à se raréfier et juste avant d’atteindre le Colletto del Laus (1927 m.), on longe d’anciennes petites casernes ruinées. Le collet franchi, c’est un choc ! On débouche sur un superbe lac, le Lago di San Bernolfo (1912 m.) avec en toile de fond les hauts sommets de la crête frontalière !
La piste descend au bord du lac pour le longer avant de remonter le haut Vallone di Collalunga. La piste qui était à peu près correcte jusque là devient nettement plus difficile. Christian et moi, on s’attend à ne pas aller très loin ! On fait un peu de nettoyage à certains moments ; transporter des pierres, on finit par savoir faire !! Pendant un bon moment la piste longe le vallon en rive gauche avec très peu de tournants car sa pente est raisonnable jusqu’au moment où on traverse ce torrent, un minuscule ruisseau en fait (2109 m.). Là, le vallon se faisant plus pentu, la piste doit multiplier les courts lacets pour prendre de l’altitude et, curieusement, elle se révèle en meilleur état que dans sa partie basse ! Les cantonniers se reposent un peu ! Après une vingtaine de lacets, on se retrouve sans crier gare au bord d’un petit lac, le Lago di Mezzo (2285 m.). Le moral est revenu ! Surtout que la piste ne s’y arrête pas ! Elle continue l’ascension du vallon en traversant des pierriers. Et, chose qui nous semble incroyable, elle a tellement bien été conçue par le génie militaire italien, que même là, son état est resté parfait.
Bon, ne rêvons pas, un peu de boulot de déblaiement quand même ! Et après un dernier effort on se présente devant la « Caserma dei Laghi di Collalunga » (2424 m.), un bâtiment caractéristique tout en longueur, moins long cependant que les casernes de Stau et Panieris, adossé à une pente rocheuse raide. Ce qu’elle a de remarquable, c’est son élément en forme de proue de navire édifié juste devant. Quelques centaines de mètres plus haut, la piste débouche au bord du plus grand des 2 Laghi di Collalunga (2428 m.). On arrête là ce parcours exceptionnel car la piste semble vouloir atteindre le Passo di Collalunga (2533 m.) sur la crête mais, à partir du lac, elle n’a plus l’air du tout carrossable. Comme le coin a l’air particulièrement riche en constructions militaires, on sait déjà qu’on y reviendra après les avoir listées et avoir mis au clair un parcours cohérent qui nous permettra d’en faire la tournée à pied. A noter une particularité que nous n’avions pas remarquée sur le moment, c’est qu’entre la Caserne des lacs de Collalunga et les lacs eux-mêmes qui en sont proches, on franchit la frontière rectifiée en 1947. Et donc, si la caserne est toujours en Italie, les lacs voisins sont en France !
On vient de boucler une piste mémorable, certainement celle qui nous a le plus enchantés depuis le début de notre exploration de la Stura. Même si elle ne présente pas la qualité de construction du la piste du Passo Sottano delle Scolettas, la beauté des lacs, les casernes, le paysage en général en font une piste d’exception.
En 2020, elle est, comme on pouvait s’y attendre, interdite dès le pont qui enjambe le Torrente Corborant sous le hameau de San Bernolfo. Mais il faut savoir qu’elle est restée carrossable jusqu’à aujourd’hui puisqu’il y a peu, des randonneurs ont vu deux 4x4 autorisés stationnés près de la caserne ! Du costaud, cette piste !
Le secteur du Vallone di San Bernolfo est maintenant entièrement parcouru. On redescend donc à Pianche au fond de la Valle Stura.
La 2ème partie de ce tracé se trouve ci-dessous :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-tout-terrain/sur-les-anciennes-pistes-militaires-en-1969-72-les-vallons-de-la-stura-di-demonte-alpe-marittimi-2e-63861784>
Pour ce qui est des pistes, entre 1930 et 1936, leur construction par le génie militaire italien était très réglementé. On retrouve dans cette région de la Valle Stura des routes de tipo B appelées « camionabili » (3,50 mètres de large et 10% de pente maximale), de type C appelées « carrareccie » (3 mètres de large et 12% de pente maximale), de type D appelées « grandi mulattiere » (2,20 mètres de large et 17% de pente maximale) et de type E appelées « mulattiere » (1,50 mètre de large et 25% de pente maximale). Sans parler des simples « sentieri », bien sûr. Les pistes militaires de type B et C se parcourent normalement sans problème en 4x4 sauf éboulement bien sûr. Celles de type D peuvent être parcourues si elles ont conservé leur largeur d’origine car là, le moindre petit effondrement fait que la largeur ne sera plus suffisante pour passer.
Contrairement à nos explorations de la région Susa / Bardonecchia, nous n’étions que deux, mon pote Christian et moi, avec toujours nos « deux roues motrices » rehaussées, l’Opel Kadett de Christian et ma Fiat 124 Spécial, pour affronter les anciennes pistes militaires de la vallée de la Stura di Demonte entre 1969 et 1972. Pour ceux qui seraient surpris de ce qu’on a pu faire avec nos deux autos martyrs (!!!), il faut se souvenir qu’on avait quand même autour de 21 cm de garde au sol et des rechapés italiens très crantés qui offraient un excellent grip sur les terrains difficiles. Et contrairement aux terrains boueux ou neigeux qu’on ne rencontre pas dans cette région en été, le fait de n’avoir que 2 roues motrices n’est pas un obstacle insurmontable.
Comme Christian devait fournir à un éditeur de cartes et de guides piémontais des renseignements précis sur l’état de ces vieilles pistes militaires (ce sont les notes que j’ai retrouvées récemment qui m’ont permis de retracer ce parcours), nous avions décidé d’être très méthodiques en partant du Col de Larche , là où la Stura prend sa source près du Lago della Maddalena. L’idée était de descendre la vallée de la Stura et de remonter, au fur et à mesure de leur rencontre, les vallons affluents parallèles, situés en rive droite, qui descendent de la crête frontière, la rive gauche étant pour la fin. Nous étions munis d’une autorisation de passage en cas d’interdiction mais je ne me souviens même pas en avoir rencontré ! On n’était pas en 2020 !!!
Du Col de Larche, on descend donc sur Argentera puis Bersezio (1634 m.) pour s’attaquer au Vallone di Ferrere. On prend une petite route en terre qui monte au pittoresque hameau de haute montagne de Ferrere (1887 m.). Peu avant Ferrere, on prend sur la droite la vieille piste militaire de Colombart. On passe au Colle di Ferrere (2044 m.) et on s’élève sur une pente couverte de prairie exposée plein sud jusqu’au Gias Colombart Soprano (2252 m.). La piste est pierreuse mais heureusement peu pentue, ce qui nous permet de monter sans gros problème en allant très lentement. Après les cabanes de berger du Gias, dans une zone d’immenses pâturages d’été où les vaches sont nombreuses à la belle saison, on poursuit la piste plus cassante dans le haut, qui s’élève dans une combe toujours verdoyante, jusqu’à la Bassa di Colombart (2457 m.). C’est là que la piste se termine et qu’on laisse nos véhicules, mais on n’est pas encore sur la crête frontière. Pour l'atteindre, il faut seulement un quart d’heure de marche sur un sentier pratiquement de niveau qui traverse une pente escarpée exposée plein nord pour atteindre le Colle di Puriac (Col de Pouriac) (2506 m.) d’où un bon sentier permet de descendre sur le hameau du Pra dans la Haute-Tinée. Ce qui nous étonnera, c’est de ne voir en tout et pour tout que les restes d’une caserne ruinée à proximité du Col de Pouriac. En tout cas, les paysages sont superbes avec une vue spectaculaire sur la Tête de l’Enchestraye (2954 m.), juste en face de la Bassa di Colombart.
Pour info, ce qui a changé en 2020, c’est que la petite route montant de Bersezio à Ferrere est maintenant revêtue. La piste de Colombart est interdite à la cote 1990 m. juste après la bifurcation avec la route menant au cœur du hameau de Ferrere. Cette piste est toujours utilisée l’été par les bergers qui sont installés au Gias Colombart et, comme elle a été tracée sur des pentes très stables et peu escarpées, elle demeurerait toujours praticable jusqu’à la Bassa di Colombart avec un sol raviné dans la toute dernière partie.
Redescendus à Bersezio, des habitants du village nous apprennent qu’on pourrait essayer de monter à la caserne de l’Altopiano dell’Andelplan. Voilà une piste qui n’apparaissait que comme un simple sentier sur nos cartes ! Donc, en route vers l’Andelplan ! La piste de l’armée se détache dans la 3ème épingle de la montée vers le hameau de Ferrere et s’élève sur un versant boisé se dégageant dans sa partie haute jusqu’au Colletto Incianao (2294 m.). La piste est beaucoup plus pentue que celle de la Bassa di Colombart et le sol plus raviné. La montée est difficile et lente, très lente ! On se retrouve souvent en sérieuse difficulté ! Après le Colletto Incianao, on continue la piste dans les alpages peu pentus de l’Altopiano pour atteindre péniblement la caserne ruinée cotée 2486 mètres au pied de la Cima delle Lose (2812 m.). Sans les renseignements obtenus à Bersezio, on ne serait jamais monté jusque là ! A noter qu’en 1969/70, la station de ski d’Argentera n’existait pas encore. Elle n’apparaîtra qu’à la fin des années 70, ce qui fait que l’Altopiano était encore « sauvage », sans le tracé destructeur des pistes de ski et les remontées mécaniques comme le télésiège qui permet d’arriver au Colletto Incianao et le téleski qui monte à 2518 mètres, juste au-dessus de la caserne ruinée. Pour info, la station a définitivement fermé en 2019.
En 2020, la piste est interdite dès le départ. Elle est restée longtemps carrossable car elle servait à l’entretien de la station de ski. Maintenant que la station est fermée, il y a fort à parier qu’elle risque de se détériorer rapidement. Déjà, la partie finale entre le Colletto Incianao et la caserne était, il y a quelques années, en très mauvais état et très difficile à parcourir.
On descend ensuite la vallée de la Stura pour arriver au village de Pontebernardo (1280 m.) après être passés sous l’impressionnante falaise de 700 mètres de hauteur appelée « Le Barricate ». On est au débouché du Vallone di Pontebernardo qui devient notre nouvel objectif d’exploration. Une bonne piste remonte le fond de ce vallon et après 2 km, nous prenons à droite une autre piste qui s’élève vers le hameau de Murenz et qui, sur notre carte, grimperait jusqu’au Colle Becco Rosso et ses casernes ruinées. En fait, nous ne dépasserons pas les 1780 mètres d’altitude, la piste devenant beaucoup trop étroite et ruinée. Echec ! Nous redescendons au fond du Vallone di Pontebernardo pour le remonter jusqu’au lieu-dit Grange dei Prati del Vallone (1720 m.) où se trouvent le Rifugio Talarico et les anciens bâtiments militaires utilisés à l’époque comme colonie de vacances et abritant aujourd’hui le Rifugio Prati del Vallone.
Des granges, on suit une piste étroite qui continue de remonter le fond du vallon en décrivant quelques lacets jusqu’à une bifurcation dans une épingle (1896 m.). Si on va tout droit, la piste devient tout de suite un bon sentier qui continue de remonter le Vallone Superiore di Pontebernardo. On prend donc à droite la piste carrossable qui grimpe vers le Colle di Stau et sa caserne. C’est vraiment très étroit ! On perd pas mal de temps à franchir une ravine creusée par un torrent. Il faut déplacer plusieurs blocs pour boucher des trous ! La ravine franchie, se présente une série d’épingles auxquelles le génie militaire a donné une forme bien arrondie. Heureusement, vu l’étroitesse de la piste ! D’après la classification, on serait dans le type D des « grandi mulattiere » mais les 2,20 mètres de largeur se sont bien réduits avec les années et là, on est plutôt dans du 1,80 m. ! Deux nouvelles ravines à franchir se présentent. Un peu moins de boulot que pour la première mais toujours des blocs à déplacer ! C’est le bagne de Cayenne cette montée ! Je commence à fatiguer sérieusement et on admet qu'à la prochaine, on laisse tomber. Nouvelle série d’épingles où on se dit que les véhicules commencent à être plus larges que la piste et on atteint le Gias di Stau, une cabane de berger située à 2068 m. d’altitude. Et là, stop ! La piste a tellement perdu de largeur qu’elle devient un véritable sentier. En fait, pour l’avoir parcourue plus tard à pied jusqu’au Colle di Stau (2498 m.), lors de nos recherches des anciennes casernes de haute altitude, la suite de la piste serait à classer dans les « mulattiere » de type E. Aux endroits où elle a gardé sa vraie largeur, il y a bien les 1,50 m. prévus. Insuffisant de toute façon pour qu’on ait pu passer ! Mais le tracé est magnifique et de l’endroit où on a dû s’arrêter avec nos autos, on a compté plus d’une cinquantaine d’épingles jusqu’au col ! Et on s’en était déjà payé une vingtaine pour arriver au Gias di Stau !
En 2020, la piste est interdite à partir du Rifugio Talarico desservi par une petite route revêtue. Si ce n’était pas le cas, on pourrait peut-être toujours monter en 4x4 jusqu’au Gias di Stau, mais pas plus haut bien sûr.
On redescend donc dans la Valle Stura à Pontebernardo pour atteindre un peu plus bas dans la vallée le village de Pietraporzio (1225 m.) où du boulot nous attend !
De Pietraporzio (1225 m.), on engage nos deux vaillantes autos dans une nouvelle aventure avec la remontée du Vallone del Rio del Piz, tout à fait parallèle au Vallone di Pontebernardo que nous avions parcouru juste avant. D’après nos cartes, il y a une route militaire qui se termine à la caserne du Passo Sottano delle Scolettas (2223 m.). Après l’échec du Vallone di Pontebernardo où on est resté planté bien loin du bout des ex-pistes militaires carrossables, on espère mieux de ce nouveau vallon et ……….., ça va être le cas !
Après avoir traversé la Stura, la petite route se transforme rapidement en une piste relativement roulante qui atteint le « Piano della Regina » (1469 m.). Plus haut, un ressaut du vallon est franchi grâce à de grands lacets. Dans ce secteur, deux bunkers, un de chaque côté de la piste, assurent la surveillance du passage. Un peu plus loin, la piste passe au-dessus d’un petit lac, le Lago Lausarel (1917 m.). A ce niveau, le couvert forestier, peu important dans ce vallon, a déjà disparu depuis un bon moment, ce qui n’empêche pas de passer à 1980 mètres d’altitude, sous un arbre remarquable bien connu des randonneurs aujourd’hui, le « Merze Gros », un énorme mélèze isolé qui daterait de plus de 600 ans d’après les botanistes et mesure dans les 23 mètres de hauteur pour près de 7 mètres de circonférence du tronc ! La remontée du vallon se poursuit et la piste atteint les pâturages du Gias del Piz autour d’une cabane de berger (2050 m.). C’est à ce niveau que se détachent de la piste militaire le sentier qui s’élève vers le Rifugio Zanotti (2144 m.) et celui qui remonte le Vallone Superiore del Piz. Ça, ce sera pour un autre jour dans le cadre de nos explorations à pied !
La route militaire se rétrécit un peu et prend de l’altitude en quittant le fond du vallon pour se diriger vers le col. On s’attend à rester planté à un endroit ou à un autre mais on a une bonne surprise ! La piste semble avoir été l’objet d’un « nettoyage » récent. On voit du côté montagne un tas continu de pierres plus ou moins grosses qui ont été récemment poussées. C’est sûr que ça réduit encore la largeur du chemin mais comme, contrairement aux pistes du Vallone di Pontebernardo qui étaient de type E avec 1,50 m. de large, on a affaire ici à une véritable piste carrossable avec plus de 2 m. de largeur même si, à vue d’œil, en certains endroits, il ne reste guère plus de 1,80 m. ! Et très lentement, on parvient à la série des 6 lacets qui sont sous le col. Ces lacets sont superbes avec un arrondi parfait reposant sur des murs de pierre qui ont parfaitement tenu le coup ! On perd du temps à enlever à plusieurs reprises quelques pierres un peu trop grosses et sur quelques mètres, il faut même jouer de la pelle pour élargir un peu le passage ! Un peu plus haut, une surprise nous attend ! Un petit tunnel courbe à 180° correspondant à un lacet de la route creusé dans une partie rocheuse ! Ça refroidit ! On part à pied en éclaireur pour voir si le court tunnel n’est pas obstrué par des pierres et, au cas où ça passerait, pour vérifier si la piste continue d’être carrossable jusqu’au lacet suivant car, si ce n’était pas le cas, on risquerait de devoir se refaire le tunnel courbe en marche arrière ! Très mauvais plan ! Finalement, le tunnel est praticable, la largeur y est sans problème, et la suite passe. Donc, on se lance pour s’arrêter définitivement juste sous la caserne du col. Les derniers mètres n’ont pas été « nettoyés » et ça serait un trop gros boulot de vouloir arranger le passage. Pas grave ! On n’est qu’à 50 mètres du bout de la piste et on ne risque pas de se plaindre !!!
La « Caserma di Scolettas » construite au Passo Sottano delle Scolettas (2223 m.) contrôlait le passage entre les vallons de Pontebernardo et du Rio del Piz. Elle n’est pas aussi importante que celle du Colle di Stau par exemple et mérite plutôt la dénomination de « ricovero ». A hauteur de l’avant-dernier lacet de la montée, on peut voir un bâtiment plus petit qui servait de réserve de munitions entre autres. A noter que sur l’autre versant du col, on ne trouve pas de route militaire comme celle qu’on a empruntée pour monter mais seulement un bon sentier qui descend sur le Rifugio Talarico.
Nous décidons de revenir à un autre moment pour une expédition à pied vers les bâtiments militaires du haut vallon du Rio del Piz que nous avons sur notre carte mais pour ce qui est des pistes carrossables, nous en avons fini avec ce secteur et redescendons à Pietraporzio, le moral au beau fixe !
A noter qu’en 2020, la piste du vallon du Rio del Piz est interdite sauf aux ayants droit dès le Piano della Regina. La piste est toujours parfaitement carrossable jusqu’au Gias del Piz juste sous le Rifugio Zanotti. La montée finale au Passo Sottano delle Scolettas n’est plus carrossable car les bords de la piste sont encombrés de pierres et ça manquerait de largeur pour un 4x4. Ceci étant, l’ensemble est très bien conservé et, avec l’intervention de moyens mécaniques modernes, il serait tout à fait possible de rouvrir cette piste jusqu’au col.
En continuant de descendre la Valle Stura, nous arrivons à Pianche (966 m.), un hameau de montagne appartenant à la commune de Vinadio, situé au débouché du Vallone di San Bernolfo parcouru par le Torrente Corborant. Là, il va nous falloir du temps car sur nos cartes, ce vallon est formé en amont de 3 branches principales qui descendent toutes de la crête frontière et chacun de ces 3 vallons possède d’anciennes pistes et des édifices militaires divers !
On remonte donc ce Vallone di San Bernolfo jusqu’à Bagni di Vinadio (1292 m.) où le Vallone dell’Ischiator rejoint celui du Corborant. On débutera donc par ce Vallon du Rio Ischiator car il est le plus proche du Vallone del Piz qu’on avait parcouru juste avant. On passe au hameau de Besmorello (1440 m.) où la petite route se transforme en une piste qui franchit le rio Ischiator au Ponte del Medico (1561 m.). Ce vallon étant assez raide, la piste doit grimper en lacets en rive gauche. Elle ne nous pose pas de problème car elle semble clairement entretenue. La piste débouche sur le replat herbeux de Gias Ischiator (1934 m.) en traversant le torrent. Plus loin, on rencontre notre premier problème de la journée. Il faut franchir une nouvelle fois le rio Ischiator par un gué pas très sympa d’allure, voisin d’un petit pont qui a eu apparemment un sérieux problème ! On reprend notre matériel de cantonnier et on passe un bon moment à donner meilleure allure à ce gué ! Quelques centaines de mètres et il faut de nouveau franchir le rio mais sans avoir besoin de travailler cette fois ! La piste se termine à l’imposant Rifugio Migliorero (2094 m.) à deux pas du Lago Inferiore dell’Ischiator (2069 m.) divisé en deux parties. Superbe ! Le refuge sur son mamelon, les lacs, les alpages humides ! Un sacré paysage !
On apprend au refuge qu’avant la Seconde Guerre Mondiale, le bâtiment existait déjà et correspondait en fait à une grande auberge de montagne ! Pour les vieux bâtiments militaires d’altitude et les hauts sommets de la crête frontière, on recueille de précieuses infos qui nous serviront quelques jours plus tard pour notre rando découverte de ce haut vallon.
En 2020, cette piste est interdite par une véritable barrière placée après le deuxième lacet suivant le Ponte del Medico, à une altitude de 1625 mètres. Avec autorisation, la piste demeure toujours carrossable jusqu’au bout.
On redescend à Bagni di Vinadio pour prendre à droite la branche principale parmi les 3 de cet ensemble de hauts vallons. C’est le Vallone San Bernolfo parcouru par le Torrente Corborant. Une petite route remonte le vallon peu pentu au début, en rive gauche. Arrivée à hauteur du hameau de Callieri, le vallon devient plus pentu et la route décrit une dizaine de lacets pour parvenir au hameau de San Bernolfo (1663 m.) faisant partie de la commune de Vinadio. On continue de suivre l’ancienne piste militaire qui remonte toujours le vallon du Corborant en rive gauche. La piste devient nettement plus pentue mais on arrive à la parcourir jusqu’à une série de lacets en fond de vallon où, à un moment donné, on ne peut plus avancer, de nombreux blocs se trouvant sur la route. Trop nombreux pour envisager de repartir dans des travaux de terrassement. On est à 2023 mètres d’altitude. On prévoit de revenir là encore à un autre moment pour poursuivre à pied ce qui semble être une très belle piste militaire dont on remarque les lacets bien arrondis cernés de beaux murs de pierre. Il faudra d’abord déterminer où sont les édifices militaires à atteindre.
En 2020, la situation est inchangée et cette piste est dans un état qui permet d’atteindre exactement l’endroit où nous avons fait demi-tour mais pas plus car ensuite, elle prend très vite la largeur d’un simple grand sentier à cause de l’usure du temps. Il y a quelques années, elle n’était toujours pas interdite ! Un miracle !
On redescend rapidement au hameau de San Bernolfo et on va pouvoir s’attaquer à la 3ème branche de cet ensemble de hauts vallons, le Vallone di Collalunga. Et, on ne le savait pas encore, mais là, on allait décrocher le jackpot !!!
La piste remontant ce Vallone di Collalunga se détache 300 mètres sous San Bernolfo. Elle franchit le Torrente Corborant par un pont (1650 m.) pour remonter, dans sa première partie, une pente exposée plein nord et recouverte de forêt. Le contraste est net avec les pistes précédentes très souvent en terrain découvert. Après quelques lacets, les arbres commencent à se raréfier et juste avant d’atteindre le Colletto del Laus (1927 m.), on longe d’anciennes petites casernes ruinées. Le collet franchi, c’est un choc ! On débouche sur un superbe lac, le Lago di San Bernolfo (1912 m.) avec en toile de fond les hauts sommets de la crête frontalière !
La piste descend au bord du lac pour le longer avant de remonter le haut Vallone di Collalunga. La piste qui était à peu près correcte jusque là devient nettement plus difficile. Christian et moi, on s’attend à ne pas aller très loin ! On fait un peu de nettoyage à certains moments ; transporter des pierres, on finit par savoir faire !! Pendant un bon moment la piste longe le vallon en rive gauche avec très peu de tournants car sa pente est raisonnable jusqu’au moment où on traverse ce torrent, un minuscule ruisseau en fait (2109 m.). Là, le vallon se faisant plus pentu, la piste doit multiplier les courts lacets pour prendre de l’altitude et, curieusement, elle se révèle en meilleur état que dans sa partie basse ! Les cantonniers se reposent un peu ! Après une vingtaine de lacets, on se retrouve sans crier gare au bord d’un petit lac, le Lago di Mezzo (2285 m.). Le moral est revenu ! Surtout que la piste ne s’y arrête pas ! Elle continue l’ascension du vallon en traversant des pierriers. Et, chose qui nous semble incroyable, elle a tellement bien été conçue par le génie militaire italien, que même là, son état est resté parfait.
Bon, ne rêvons pas, un peu de boulot de déblaiement quand même ! Et après un dernier effort on se présente devant la « Caserma dei Laghi di Collalunga » (2424 m.), un bâtiment caractéristique tout en longueur, moins long cependant que les casernes de Stau et Panieris, adossé à une pente rocheuse raide. Ce qu’elle a de remarquable, c’est son élément en forme de proue de navire édifié juste devant. Quelques centaines de mètres plus haut, la piste débouche au bord du plus grand des 2 Laghi di Collalunga (2428 m.). On arrête là ce parcours exceptionnel car la piste semble vouloir atteindre le Passo di Collalunga (2533 m.) sur la crête mais, à partir du lac, elle n’a plus l’air du tout carrossable. Comme le coin a l’air particulièrement riche en constructions militaires, on sait déjà qu’on y reviendra après les avoir listées et avoir mis au clair un parcours cohérent qui nous permettra d’en faire la tournée à pied. A noter une particularité que nous n’avions pas remarquée sur le moment, c’est qu’entre la Caserne des lacs de Collalunga et les lacs eux-mêmes qui en sont proches, on franchit la frontière rectifiée en 1947. Et donc, si la caserne est toujours en Italie, les lacs voisins sont en France !
On vient de boucler une piste mémorable, certainement celle qui nous a le plus enchantés depuis le début de notre exploration de la Stura. Même si elle ne présente pas la qualité de construction du la piste du Passo Sottano delle Scolettas, la beauté des lacs, les casernes, le paysage en général en font une piste d’exception.
En 2020, elle est, comme on pouvait s’y attendre, interdite dès le pont qui enjambe le Torrente Corborant sous le hameau de San Bernolfo. Mais il faut savoir qu’elle est restée carrossable jusqu’à aujourd’hui puisqu’il y a peu, des randonneurs ont vu deux 4x4 autorisés stationnés près de la caserne ! Du costaud, cette piste !
Le secteur du Vallone di San Bernolfo est maintenant entièrement parcouru. On redescend donc à Pianche au fond de la Valle Stura.
La 2ème partie de ce tracé se trouve ci-dessous :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-tout-terrain/sur-les-anciennes-pistes-militaires-en-1969-72-les-vallons-de-la-stura-di-demonte-alpe-marittimi-2e-63861784>
Waypoints
Mountain pass
6,553 ft
Col de Larche ou Colle della Maddalena (frontière franco-italienne) (1996 m.)
Religious site
5,573 ft
Argentera (1680 m.)
Religious site
5,332 ft
Bersezio (1634 m.)
Religious site
6,210 ft
Ferrere (1888 m.)
Mountain pass
8,028 ft
Bassa di Colombart (2457 m.)
Ruins
8,171 ft
Ricovero dell'Andelplan (2486 m.)
Mountain pass
7,497 ft
Colletto Incianao (2294 m.)
Religious site
4,305 ft
Pontebernardo (1280 m.)
Waypoint
5,145 ft
Murenz (1570 m.)
Waypoint
5,848 ft
Fin (1773 m.) partie carrossable de la piste de Becco Rosso
Mountain hut
5,609 ft
Prati del Vallone (1720 m.)
Waypoint
6,814 ft
Gias di Stau (2068 m.)
Religious site
4,047 ft
Pietraporzio (1225 m.)
Waypoint
6,707 ft
Gias del Piz
Mountain pass
7,291 ft
Passo Sottano delle Scolettas (2223 m.)
Religious site
3,193 ft
Pianche (966 m.)
Thermal waters
4,308 ft
Bagni di Vinadio (1292 m.)
Mountain hut
6,827 ft
Rifugio Migliorero (2094 m.)
Waypoint
5,501 ft
San Bernolfo (1663 m.)
Waypoint
6,665 ft
Fin (2023 m.) piste carrossable du Vallone di San Bernolfo
Lake
6,277 ft
Lago di San Bernolfo (1912 m.)
Lake
7,986 ft
Laghi di Collalunga (2428 m.)
Comments (3)
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En complément de ce parcours sur les parties carrossables de cette région, voici le tracé complet de l'exploration qu'on avait faite à cette époque à la recherche des édifices militaires du Vallone di Pontebernardo. Deux journées fantastiques ! D'autres explorations de vallons voisins sont à venir !!!
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/sur-les-chemins-militaires-du-haut-vallone-di-pontebernardo-en-1969-72-stau-peiron-panieris-vens-la-61518443"> Sur les chemins militaires du haut Vallone di Pontebernardo en 1969/72 : Stau, Peiron, Panieris, Vens, Lausa, Ubac>
Voici le deuxième vallon exploré dans cette région de la Stura. Il s'agit de celui du Vallone Superiore del Piz voisin du précédent. Celui-là en une seule journée !
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/sur-les-chemins-militaires-du-vallone-superiore-del-piz-en-1969-72-lago-mongioie-pas-de-tenibre-et-61590940"> Sur les chemins militaires du Vallone Superiore del Piz en 1969/72 : Lago Mongioie, Pas de Ténibre et Mont Ténibre>
On continue avec le Vallone dell'Ischiator proche de celui del Piz auquel on consacra à l'époque 2 belles journées !
Sur les chemins militaires du Vallone dell'Ischiator en 1969/72 : Laris, Becco Alto d'Ischiator, Cima Sud d'Ischiator>